Une louve solitaire errait au fin fond de la Forêt d’Émeraude. Une pierre à la couleur éclatante. J’ai éclos sous ses yeux ahuris. Mon caractère lui rappelant l’orage de cette nuit d’été, elle m’a appelé Stormy. Sauf que… elle est morte quand j’étais petite. Enfin, j’étais plus si petite, puisque je m’en souviens… mais pas grande non plus. Je saurais pas dire quand c’était, exactement. Je suis restée auprès d’elle tout le long, rongée par l’angoisse. Sans me rendre compte de rien, je suis devenue une Cerbère en regardant la vie s’éteindre dans ses yeux… j’ai gémi longtemps à côté d’elle, impuissante. Bien des années ont passé depuis. Toutes les mêmes… cet enfer semblait pas sans fin. Je sais pas comment j’ai fait pour pas devenir folle, honnêtement. J’avais compris que j’étais pas une louve en croisant l’une d’elle. Alors j’ai cru que j’étais la seule de mon espèce… comme si ça suffisait pas, c’était devenu difficile de chasser. Les animaux me voyaient de loin avec ma taille et mes couleurs vives. Néanmoins, comme je suis très curieuse, les observer m’a donné des idées. J’ai pu apprendre toute seule à grimper aux arbres et voler. Et alors que je me baladais un matin, une dragonne a déboulé de nulle part. Le tigre qui la poursuivait a pris peur à ma vue et s’est enfui. Je la fixais sans y croire, sous le choc. La dragonne a vite compris que quelque chose allait pas. Malgré mon étrangeté, l’orangée s’est mise à mimer des choses pour me parler.

J’y comprenais rien, et j’étais assez farouche. Il a fallu du temps pour qu’un lien de confiance se crée entre nous. Sintara m’avouera bien plus tard avoir été surprise par mon existence, les dragons sauvages étant rares. Elle voyait bien que j’étais très seule... et elle a voulu me sociabiliser… me donner une chance d’avoir une vie meilleure dans son monde. Malgré le danger, elle m’a poussé à lui faire suffisamment confiance pour la suivre à Diamant. Afin de prendre en main mon éducation, ce qu’elle a fait elle-même. Les semaines ont passé… puis les mois, les années… j’en ai perdu le compte avec le temps. J’y prêtais plus vraiment attention, à vrai dire. J’avais tant de choses à apprendre… il y avait tant à voir dans ce monde… Tara m’avait proposé de vivre en collocation. Ça la dérangeait pas que je reste un peu sauvage. J’ai essayé de m’intégrer… ça semblait impossible. Certaines personnes me craignaient, et pas d’autres. Je savais pas pourquoi.

Je me rappelle encore du jour où ma magie s’est éveillée pour la première fois. J’étais super mal à l’aise. Je connaissais pas cette partie de moi. Tara m’avait rassuré. Elle m’apprendrait plus tard. Je l’ai cru. J’ai attendu… j’attendais encore et toujours, et Tara voulait toujours pas m’apprendre malgré mon insistance. En plus, elle refusait toujours de me dire pourquoi les gens avaient peur de moi. Un jour, j’ai reçu une lettre étrange. Un type qui se nommait Vladimir. Il prétendait avoir les réponses à toutes les questions que je me posais. J’ai cru à un canular, et j’ai ignoré la lettre la première fois. Mais toute la journée, impossible de me la sortir de la tête… l’attitude de Sintara a fini par me faire craquer, et j’ai répondu à la lettre, bien que méfiante. On s’est écrit pendant plusieurs semaines puis, un soir, il m’a donné rendez-vous dans une clairière de la Forêt. Comment il connaissait Tara, j’en avais aucune idée. C’était une longue histoire d’après lui. Il m’a dévoilé qu’elle me mentait depuis le début. J’étais une Illusionniste. Et la magie, j’aurais pu l’apprendre dès mon arrivée. Je l’écoutais sans un mot, blessée par ce qu’il m’apprenait. Il a respecté mon silence, compatissant. Puis il m’a donné l’adresse d’un professeur de magie. Avant de devenir plus distant.

Dans l’obscurité, j’y voyais pas grand-chose. C’est quand le ciel s’est dégagé et que la lune l’a éclairé que… des griffes tranchantes étaient rattachées à sa main gauche. Ses gants, ses bottes, sa combinaison… tout était noir, sauf son masque couleur nacre. Je lui ai demandé quoi, inquiète. A force d’insister, il a fini par céder dans un soupir, évoquant un certain Z. Un citoyen comme les autres, mais qui en avait marre que les voyous du coin fassent la loi. Malgré les gardes, ils recommençaient toujours, tel un cycle sans fin. Z voulait changer le cours des choses depuis qu’il était petit. Devenu soldat dans ce but, il a gravi les échelons. C’était un soldat exemplaire et admiré. Cependant, Z s’est aperçu que les lois étaient l’instrument de ceux qui ont le pouvoir. Certaines personnes étaient bonnes, ne voulant que le meilleur pour le peuple. Mais d’autres… un magistrat qui a violé une vingtaine de fillettes a été relâché. Malgré le scandale de l’affaire, en usant du pouvoir, il s’en est sorti avec une peine légère. A la surprise générale, Z a disparu du jour au lendemain, avec ceux qui partageaient ses idéaux. On les a jamais revus. L’autorité locale a retrouvé les restes d’un corps démembré. Peut-être celui du magistrat, disparu le même jour. Le visage était méconnaissable, lacéré comme il était. La suite de l’histoire… c’est aux Morskellices d’aujourd’hui de l’écrire. Il m’a expliqué qu’il s’agissait d’une organisation criminelle secrète. Etablie aux quatre coins du monde, elle œuvrait toujours dans l’ombre et possédait bien des adeptes... puis il m’a laissé le choix. Devenir Morskellice, aider à faire avancer les choses et dans le bon sens. Ou m’abattre. Il voulait pas le faire, mais il avait pas le choix… les Morskellices font cette "proposition" uniquement aux plus susceptibles d’être intéressés. Et contraints de tuer en cas de refus, avant de faire disparaître les corps. Pour préserver le secret de leur existence, aucun risque est pris. Même un proche ou un ami.

J’ai pas réfléchi longtemps. J’ai accepté. Moi aussi j’en avais marre de cette justice corrompue, qui a déjà envoyée des innocents en prison pendant que des violeurs étaient remis en liberté. Alors qu’ils savent très bien qu’ils vont recommencer… et honnêtement, après tous les mensonges de Sintara, j’avais plus rien à perdre. Il m’a donné un masque couleur ébène, des gants et une combinaison noire. Puis il a fait apparaître une Boule de Lumière au-dessus de lui. Quelques minutes plus tard, d’autres Morskellices sont apparus autour de nous. Ils ont dû profiter de l’obscurité et de leurs Transparences pour s’approcher en douce, je suppose. Ces derniers étaient comme Vladimir, mais leurs masques étaient de couleurs différentes. Tous avaient des griffes tranchantes à une main ou aux deux et d’autres armes. Après une longue marche, une autre clairière. Un vaisseau furtif nous attendait, camouflé. Vladimir a dû me laisser à contrecœur. Il avait d’autres tâches à accomplir. Le vaisseau a volé pendant un long moment. Tous les nouveaux sans exception passent au Cœur Étoilé. Encore une clairière, des sentiers difficiles d’accès… les Morskellices étaient si silencieux. Toujours vigilants et attentifs. On a remonté une rivière jusqu’à une bouche d’égout. Ils étaient outillés pour retirer la grille et la remettre aisément. Certains sont passés en premier, les autres fermaient la marche derrière moi et les autres nouveaux. Les Morskellices ont dit de mémoriser le chemin dès maintenant. Ils le montraient qu’une fois sans exception. Encore une longue marche dans un vaste dédale de tunnels qui se ressemblent tous, afin de brouiller le sens de l’orientation d’intrus éventuels.

On a tourné dans un tunnel, identique. L’un des Morskellices a sorti une espèce de triangle. Au sol, une petite fente. Le sol s’est ouvert au centre dans un large trou. On a glissé dans une sorte de toboggan aquatique. Des lampes s’allumaient à notre passage. La glissade s’est terminée par une grille sous nos pieds. Une plaque coulissante s’est ouvert en-dessous, au contact de l’eau, la laissant passer avant de se refermer. Un bruit encore sous elle. Quelque chose s’est déplacé. Les trous dans la plaque ont laissé sortir de l’air chaud, réchauffant et séchant à la fois. Deux Masques d’Argent attendaient les nouveaux. L’intérieur était étonnamment agréable. Les braseros éclairaient des tapisseries aux couleurs claires. Seuls les étendards à l’effigie des Morskellices et eux-mêmes étaient sombres. Les portes s’ouvraient à notre approche sauf certaines, blindées. Elles protégeaient des choses sensibles. Des pièces spéciales, comme l’armurerie et les archives par exemple. Il fallait l’accord signé d’un supérieur pour en obtenir la clé, elle aussi d’une forme spéciale. Et en plus il fallait passer par le Maître des Clés : seuls les supérieurs savaient qui il était. Rien le distinguait des autres supérieurs, et en aucun cas ils le divulgueraient. Pour l’armurerie, tout ce qui y entre et en sort est recensé. En parlant de recensement… ça a été long et éprouvant. Absolument tout est passé au crible. Pendant l’entretien, les tests divers… c’est si pointilleux, mais nécessaire. Selon nos talents, certaines grades peuvent être inaccessibles, malheureusement. La garde de Z, par exemple, regroupe l’élite des Morskellices. Les meilleurs de chaque pays… rejoindre la garde royale, beaucoup d’entre nous en rêvait. C’est le plus grand honneur qu’un Morskellice puisse recevoir.

Il y a cette salle immense avec des tatamis où les Morskellices sont libres de s’entraîner, sous l’œil avisé des Maîtres d’Armes, de Magie, voire les deux. Ils ont pris un coin de la salle pour certains tests. Les Maîtres étaient sévères, leurs conseils précieux. J’ai prêté serment devant une assemblée de Morskellices. Anonyme, je resterais. Tous pareils, tous égaux. Masques et combinaisons obligatoires, pour la protection de tous. Personne cherchera à savoir qui est qui en dehors de l’organisation. Vladimir est une exception, étant en charge du recrutement. Ces derniers sont dignes de confiance, choisis avec le plus grand soin. Dans le cas contraire, ils connaitront un long supplice avant un sort funeste. Dévouée corps et âme, je serais. Si je venais à trahir, on m’obligera à me punir moi-même… ou ils le feront pour moi. Les cinq sens ouverts, je garderais. Toujours se soutenir l’un l’autre en mission. Et si je voyais quelque chose digne d’intérêt, une affaire intéressante… je pouvais leur faire un rapport. Tout est traité et vérifié. Ainsi, aucun contrat a jamais posé problème. Traîtres et injustes, je châtierais. Nul devra faire cavalier seul. Les contrats se font toujours à deux ou plus. Seuls les contrats validés par les Masques d’Or peuvent être acceptés. Et les Morskellices sont ni bons ni mauvais au fond. Ils font ce qui leur semble juste et écarteront les gêneurs de leur chemin, s’il le faut. Dure et inflexible, je deviendrais. Aucun contrat est infaisable : n’importe qui peut être une cible. Et par mon silence, nos secrets je tairais. Pas un mot sur leurs activités. Tout ce qui concerne les Morskellices, de près ou de loin. Amis, famille, voisins… personne doit savoir. Si j’étais prise, je mourrais avec leurs secrets. Sur ces mots, les Masques d’Argent nous ont souhaité la bienvenue sous les acclamations.


Ils m’ont laissé choisir mon nom de code. J’ai hésité entre plusieurs noms pendant un petit moment. Finalement, j’ai retenu Mitaine. Malgré ma taille et mes pouvoirs de Cerbère, j’ai fait de mon mieux pour être discrète et silencieuse durant les tests. Pareil pour la magie, même si je savais pas trop m’en servir à l’époque. Les Maîtres l'ont remarqué et m’ont encouragé à poursuivre dans cette voie. Nos efforts sont appréciés, récompensés à leur juste valeur. En revanche, si je voulais garder mon nom de code, je devais le mériter. Un dernier test, à accomplir seul. Le premier contrat est la seule exception faite. Pour tous les autres, c’est pas toléré. A propos, les Masques d’Ebène peuvent pas choisir leurs contrats. Il faut monter au grade au-dessus, Corail. Chacun a ses avantages. Les autres sont Perle, Argent, Or, Elite et Maître. Suprême est exclusif à notre Souverain, Z. Même si on le voit jamais, il veille toujours. Quant aux plus hauts gradés, ils vont rarement sur le terrain, n’intervenant que si nécessaire. Ils œuvrent et commandent dans l’ombre. Leurs contrats signés, les Masques d’Ebène ont été raccompagné au pays d’où ils venaient, et rattachés à ce dernier. Pour ma part, j’ai demandé à être rattachée à Émeraude car je comptais retourner y vivre et prendre des cours de magie. Enfin, après m’être expliquée avec Sintara. Les Morskellices sont établis dans les quatre pays principaux, sous forme de QG plus petits, difficiles d’accès et très bien cachés. Les petits QG cachent et protègent le Cœur Étoilé, le vrai QG, dont je tairais l’emplacement. Ce nom a pas été laissé au hasard, bien sûr. Qui a jamais rêvé de vivre dans un monde peuplé d’étoiles, justes et bonnes… c’est ce que les Morskellices font. Même s’il faut faire couler le sang pour y parvenir. Sinon, les mauvaises herbes se propageront encore et toujours. Certes, on peut jeter des criminels en prison. Mais au fond, on est jamais sûr qu’ils retiendront la leçon. Certains peuvent pas changer… il faut se faire une raison. Il y a de tout comme contrats. En général, les missions se déroulent dans notre pays de rattachement, mais on peut demander à aller ailleurs pour changer. Tant que le travail est fait, ça pose pas de problème. Pour ma part, je devais mener l’enquête sur une arme spéciale… une lance capable de contrôler la météo. Connue d’une poignée de personnes seulement, elle a été confiée à une école de magie afin d’y être étudiée.

Elle était placée sous haute surveillance, mais quelqu’un était parvenu à la voler. Le personnel et les élèves confinés, les recherches se poursuivaient. J’ai voyagé avec des personnes dans une caravane de tourisme. Le soir venu, ils ont dressé le campement. Je me suis éclipsée en douce. Par la suite, j’ai aperçu un feu de camp. En rampant dans les fourrés, j’ai vu un type avec des cicatrices et des miliciens parler du vol. Une arme puissante appelée Vindex… seule une personne de l'académie aurait pu aller dans l'antichambre. Je les ai suivis en douce pour m’y rendre aussi, mais il a fallu distraire les gardes à l’entrée. J’ai pris une pierre et l’ait lancé contre un mur. Et les deux gardes idiots ont été voir ce qui a fait ce bruit. Activant mon Camouflage de Terre, j’ai couru jusqu’à la porte. Elle était même pas fermée… par contre, dans la cour du château, les gardes étaient plus nombreux. Me réfugiant derrière des caisses, je suis tombée sur une phénix des ténèbres. Et… je dois avouer que j’ai menacé de la manger si elle donnait l’alerte… elle m’a demandé gentiment de me calmer. Puis elle a dit s’appeler Elena, et cherchait également la lance. Bizarre… elle tenait à retrouver quelqu’un qu’elle connaissait, et m’a proposé une entraide. Après un temps de réflexion, j’ai fini par accepter avec prudence. Je l’ai pas regretté. Elena savait crocheter les serrures et parler par signes discrets. Elle venait d’une ancienne organisation criminelle… drôle de coïncidence. En fouillant la chambre de ce "quelqu’un", on a failli se faire prendre. J’ai dû passer par la fenêtre, planant sans bruit dans l’obscurité. On s’est rejoint à la lisière de la forêt. Puis Elena m’a avoué qu’elle cherchait Ele Icarius, la petite sœur d’Ece. Ece est une criminelle connue pour ses "méfaits". Et Elena est à la fois sa complice et sa meilleure amie.

Elena m’a raconté leur histoire. Elle pensait qu’Ele voulait se servir de la lance pour venger sa sœur, qu’elle aimait profondément… qu’elle admirait, même. Ele était quelqu’un de bien. Une dragonne généreuse, brillante, vouée à devenir Gardienne de la Lumière. Malgré la réputation d’Ece, les enseignants ont vite cru en Ele. Il est pas impossible que l’un d’eux lui ait parlé de la lance. Quant à Ece, les gemmes qu'elle volait servaient à nourrir sa famille et payer les études d’Ele. Sa famille étant pauvre, Ece s'est sali les pattes pour les aider à survivre. Une fois, elle s'est rendue elle-même pour toucher la prime sur sa propre tête et envoyer les gemmes à sa famille. Les marchands voulaient toujours sa tête, cependant. Quittant sa famille pour un autre pays, elle est devenue espionne pour le compte de ce dernier. Ece comptait arrêter les vols pour se concentrer sur la danse, et Elena en tant que messagère. Mais une organisation criminelle a fait du chantage à Ece pour la faire travailler pour eux. Elle a été vampirisée par la suite. Puis… on a fini par se séparer. Je l’ai pas revu depuis. La mission a été un succès. Pourtant, en lisant mon rapport, le Masque d’Or a fait une drôle de tête… il m’a soudain demandé de l’attendre à la Salle de la Balance. Des raclures bâillonnés et solidement enchaînés les uns aux autres attendaient d’être jugés, puis condamnés. J’ai obéi, bien que perplexe.

Des dragons primordiaux et des wyverns sont arrivés. Je pensais que je devais donner un coup de main. J’aurais jamais cru que… à l’intérieur, ils m’ont agrippé de toute part, me tenant fermement. Je me débattais en leur gueulant dessus, exigeant des explications. Comme ils me répondaient pas, j’ai tenté de me dégager avec de la Poussière Paralysante. Ils y étaient tous immunisés... en voyant le Masque d’Or m’approcher avec une seringue, je me suis débattue de plus belle. En vain. J’ai senti une brève piqûre dans mon cou, puis ils m’ont relâché. Je les ai vaguement entendus s’éloigner, utilisant leurs Transparences respectives pour disparaître. Je tremblais comme une feuille en soufflant fort. J’avais l’impression d’avoir couru des kilomètres entiers sans m’arrêter, incapable de reprendre mon souffle. Ma vision se brouillait alors que mon pouls devenait bien trop rapide. Et ma transformation en Berserk a commencé, sous les yeux horrifiés des enflures. En reprenant mes esprits, tout ce qu’ils restaient d’eux, c’était… rien. Juste un fragment d’os rongé dans ma gueule. Je l’ai recraché, horrifiée. Le Masque d’Or semblait impressionné. Bien qu’ils aient des thérianthropes, ils ont jamais eu un cas comme moi. Et s’il y portait beaucoup d’intérêt, il a demandé qu’on me surveille de près, visiblement. Avec un regard très froid, il m’a lancé que l’organisation collaborait jamais avec quelqu’un d’extérieur. J’avais tout intérêt à m’en souvenir si je voulais pas subir une sanction encore plus terrible. Il m’a laissé seule sur ses mots. Il m’a fallu des mois pour accepter ça et mon cannibalisme. Même en côtoyant des lycanthropes et compagnie. J’aurais jamais cru que… m’enfin. Même si je les aime, je pourrais jamais leur pardonner. Encore moins à ce Masque d’Or.

Un jour, il a commencé à se passer des choses bizarres dans la Forêt. Les troncs des arbres noircissaient, et toutes leurs feuilles tombaient. Les animaux mourraient ou migraient… au point qu’un jour, la Forêt était devenue vide et silencieuse. Alors que j’arpentais les bois dans l’espoir de comprendre pourquoi et trouver une solution, j’ai vu des navires volants. Plus loin, une foule de créatures. Perplexe, je les épiais, cachée dans la végétation. Un elfe a fini par me remarquer. Je l’ai pas entendu s’approcher. Surprise, je me suis mise à feuler en montrant les crocs, prête à bondir. Bien que surpris, l’elfe muet a esquissé des gestes très doux. Comme je comprenais pas, il a désigné des éléments précis autour de nous avec insistance. J’ai jamais su qui était ce type, mais il m’aura donné envie d’apprendre la langue des signes. Pour communiquer en silence avec les Morskellices, c’est bien pratique… finalement, je suis sortie de ma cachette, m’approchant de la foule pour en savoir davantage. Le mal de la Forêt risquait de se répandre ailleurs. C’était l’œuvre du poison d’un kraken. Il était le frère d’un cerf, golem des plantes et des êtres vivants, du nom de Jade.

Une voix forte parlait, comme une cheffe de meute. Des siècles plus tôt, un combat a eu lieu. La Forêt étant autrefois son territoire, Jade a affronté son frère Olivine pour le récupérer, mais il a perdu. Ils ont "hiberné" durant des siècles. Jade étant de retour, il est revenu pour retenter. J’étais pas d’accord. Ce territoire est le mien, et autrefois celui de Mère Louve. Les loups le partagent pas, et moi non plus. S’il l’avait fallu, je me serais bagarrée avec Jade sans hésiter pour le garder. Trois groupes se sont formés. Chacun avait un tentacule à trancher.


Le nôtre luttait avec une étrange énergie. Quelqu’un a crié. Il y avait un fumigène coloré… un signe de détresse. Jade gisait sans connaissance. Le kraken s’en était pris à lui. Sauf que le kraken était pas le golem d’après la dragonne qui a tiré. Le comble, c’était Jade qui se rappelait même plus comment était son propre frère. Arrivée là-bas, je fixais le kraken sans y croire. La colline de mon enfance, c’était lui. Recouvert de mousse, il se fondait dans la masse comme un caméléon. La clairière était dévastée par le poison... après une enquête sur le terrain, les autres ont trouvé un réseau de toiles sur la mousse du kraken. En fait, c’était qu’un pantin qu’Olivine manipulait depuis… son estomac. De mieux en mieux. Puis le capitaine Mitsuky a fait signe à son navire, le Wonderland, de descendre. C’était trop d’un coup… la Forêt dévastée, des créatures bizarres surgies de tous les côtés, moi qui me forçais à côtoyer du monde alors que j’étais si seule depuis longtemps… et leur ignorance non excusable.

Les signes de tout ce mal manquaient pas, et ils ont enquêté des lustres plus tard. Alors qu’ils manquaient pas du tout de moyens et d’organisation. Et ils savaient même pas ce qu’ils allaient affronter exactement, alors que le temps jouait contre eux. Le pire, c’est qu’Olivine était réveillé, alors qu’il était censé être "pas tout à fait réveillé". Quelque chose avait été traîné jusque dans la gueule du kraken. Quelque chose de très gros, au vu de la taille de la trace. J’ai foudroyé du regard le navire et le capitaine. Je craignais qu’ils s’en prennent encore au kraken pour obliger Olivine à sortir. Il était innocent, et ils lui avaient tranché des membres à vie… pour rien. Gayst, la dragonne qui a tiré la fusée s’est approchée. On s’est disputés.

Ma cheffe nous a interrompues. Rouge, de mémoire. J’ai vraiment cédé à contrecœur, continuant de les suivre… le navire descendu, les matelots ont lancé des cordages. Une fois collés sur les toiles, le navire s’est mis à tirer. Le réseau de toiles était résistant, mais il a fini par céder. Une araignée géante est sortie. Il était noir avec de curieux motifs vert fluorescents. Le combat a duré très longtemps. A sa mort, le calme est revenu pour un temps. Seulement, il y a eu plusieurs blessés. Gayst a failli mourir. Je contemplais la clairière dévastée avec chagrin. Je pouvais plus y vivre. M’enfin, vu les circonstances, je les ai tolérés sur mon territoire un peu plus longtemps. Le temps est passé, et le kraken a fini par se réveiller.

L’atmosphère était tendue, mais il a pas attaqué, remarquant qu’il était libre. Il a glissé dans l’eau et s’en est allé. J’ai bondi sur mes pieds, le suivant jusqu’à la mer. Je sortais de la Forêt pour la première fois, il y avait d’autres personnes avec moi, mais je m’en foutais royalement. Il était la dernière chose encore "intacte" que je connaissais… en le laissant partir, c’est mon enfance qu’il emportait avec lui... c’était si dur… je me suis retirée dans les bois pour faire mon deuil, encore une fois. Quelques heures plus tard, j’ai ressenti une puissante vague d’énergie. C’était Jade qui débarrassait la Forêt de sa toxicité, lui permettant de revivre à nouveau.


Comme il est rien arrivé de spécial entre deux, je vais faire un saut dans le temps. Un jour à la Cité de Diamant, un couvre-feu a été mis en plus. Il y avait des gardes partout et quasiment pas de citoyens dans les rues. Avant Olivine, pendant des semaines à Saphir, une wyvern cannibale a semé la terreur. Un golem, à nouveau. Sugilite a décimé des centaines de soldats dans un bain de sang. Même s’il a été abattu, il a marqué les esprits. Et le climat de peur qu’il a engendré a fini par toucher Diamant. En plus, des agressions se produisaient la nuit. Des gens étaient retrouvés tétanisés. Par la peur. Piégés dans un cauchemar sans fin, personne n’arrivait à les réveiller… un couvre-feu a été mis en place. Au bout de deux semaines, toujours rien. J’ai fini par craquer quant à mon Illusionnisme. Sintara voulait m’épargner tout ça. Faire de moi une citoyenne modèle. En parlant de moi comme si j’étais "sa chose". Que j’étais rien avant. Sur un coup de colère, je lui ai foutu une bonne gifle, balafrant son visage par accident. Sintara a appelé les gardes par la fenêtre, criant que j’étais la responsable de ces agressions. Je me suis effondrée de l’intérieur, une lueur rouge naissante dans les yeux. J’ai ouvert brusquement les ailes dans une ruade, renversant les gardes qui ont accouru. Avant de fracasser une fenêtre avec une chaise pour m’enfuir. Mais j’étais allée trop vite... j’avais une plaie béante dans la poitrine. J’avais rien pour stopper l’hémorragie. Un long moment après, je me suis écroulée. Morte.

Un monde de débris au-dessus d’un océan de flammes. Il y avait des restes d’endroits que j’ai connus. Une tour immense avec, à l’intérieur, des gens torturés qui hurlaient sans interruption. Une créature flottante m’observait. C’était un amas sans forme de tout ce qui me dégoûtait. J’étais incapable de bouger. Elle a ouvert une gueule béante. Ses langues tentaculaires m’ont attrapé, m’attirant près de lui. Il y avait pas de parois à l’intérieur. Rien qu’un tourbillon infini. Les langues me retenaient dans ma chute sans fin. Des éclairs m’ont foudroyé de longues minutes, toujours plus fort. Jusqu’à ce qu’ils m’arrachent les ailes, qui sont parties en poussière. Le sommet de la tour était ouvert. Je suis tombée dans un bassin de magma, toujours sans mourir. J’en pouvais plus, j’ai craqué et me suis changée en Berserk, lâchant une Furie de Terre. La tour s’est affaissée sur elle-même, manquant de peu de s’effondrer. Des yeux rouges et un sourire pointu sont apparus dans le ciel. Une golem de Peur. Tout était une illusion, sauf elle et moi. La golem s’était "promenée" dans ma mémoire. Elle a dû s’accrocher à moi, comme Jade à Gayst. Il lui a dit qu’ils partageraient leurs pouvoirs, leurs pensées, et plus encore. Sintara la garce, moi rejetée des gens… la golem trouvait ça injuste. Ça la regardait pas.

D’ailleurs, les Morskellices admettent pas d’Immortels. Ils ont aucune confiance en eux. Très méfiants au point de les mépriser, comme ils se croient au-dessus de tout. Pour eux, les mortels sont rien que des larves de passage… la golem voulait instaurer un ordre nouveau pour ses "enfants", terrifiant les racistes pour se faire respecter. La seule chose qu’ils auront pour ça, c’est être craints encore plus, et souffrir toujours plus. Comme elle, j’aimais pas la justice et ses lois. Mais j’étais pas d’accord pour autant. On partageait pas le même but, j’avais pas besoin d’elle, et je m’en suis pas cachée. Une force invisible m’a traînée dans la tour. Bâillonnée, j’ai été attachée à une table. Ma magie s’est faite drainée. Une dragonne sombre et flippante m’a bandé les yeux. Puis une lueur m’a aveuglé, et j’ai pu à nouveau bouger. La golem voulait juste jouer. Un coffre est apparu. À l'intérieur se trouvait ce que je recherchais le plus. J’ouvrais le coffre, elle me laissait partir sans son contenu. A l’inverse, elle me gardait avec. J’en ai fait qu’à ma tête. Le coffre a fini par disparaître, mais elle m’a rien fait. Quelqu’un a accepté son marché. Dire qu’elle osé… me conseiller de maitriser mes peurs, si je voulais contrôler mes pouvoirs. Je me suis retrouvée face à la maison de Sintara. Je me suis écroulée, consciente mais épuisée. A la grande surprise des gardes qui m’entouraient. Personne s’était réveillé depuis des semaines, et d’un coup…. j’écoutais personne. Sintara discutait avec d’autres gardes. Sa balafre et la vitre brisée étaient pas une illusion, eux. Le regard qu’elle m’a lancé m’a fait si mal… en revanche, les gardes ont dû me retenir. Mon poing est parti tout seul à l’approche de la golem. Je serais rétablie d’ici quelques jours. Elle a osé… j’ai fini par perdre connaissance.


Je me suis réveillée à l’hôpital, peinant à bouger. Mes muscles étaient sous le choc. Je tenais le coup à cause de l’illusion. En plus, j’avais dormi quasiment toute la journée… c’était la fin de l’après-midi. Vladimir est venu. Il était si furieux quand il a su… à ma sortie, j’ai su que les victimes s’étaient réveillées aussi. Ils pensaient tous que je les avais sauvés. Elle a tiré profit de la situation. Tous ont cru à ses mensonges… même la justice. Perplexe, Vladimir s’est renseigné pour obtenir plus de détails. Ce soir-là, un nuage écarlate est apparu. La golem l’a "fait fuir" au même moment où je me réveillais. Et ce nuage, elle l’a fait passer pour un élémentaire de terreur. Un monstre qu’elle disait être pure énergie, créant des illusions reflétant nos pires craintes. Elle prétendait que c’était moi qui ai mis fin à ce fléau. Malgré la puissance du nuage, elle a pu le faire fuir, parce qu’une des victimes l'a considérablement affaibli. Génial… ils me prenaient pour une dragonne puissante… n’importe quoi. Je comptais partir en vacances, m’éloigner de tout ça, quand je suis tombée sur Zaraki. Je suis partie en courant. Repérant un petit navire vide, je m’y suis réfugiée. Je voulais plus le voir. C’est lui qui a accepté le marché. Il était présent cette nuit-là. Zaraki a essayé de me calmer, me voulait aucun mal. Des membres de son équipage étaient victimes de racisme. Il détestait les racistes. Le pourquoi du marché. Il appelait la golem Andésine. Sa puissance aurait attiré l’attention des armées. Tout allié était à prendre, tout conflit à éviter. Non, Andésine, on sait rien d’elle. Facile de donner sa parole pour ses propres intérêts et trahir ensuite. Et si on a été capables de descendre Olivine et Sugilite, je vois pas pourquoi on pourrait pas avec Andésine. Ils sont une menace pour le monde entier. Il reste encore des gens bons dans ce monde, autant que Vladimir et Naëwa peuvent l’être. Qu’ils disparaissent par leurs fautes… ce serait tellement injuste… je pouvais pas laisser un type comme Mitsuky l’aider. Résolue, j’ai lancé mon Souffle Paralysant.

Surpris, il a tenté d’esquiver, mais a raté. Un bon coup de patte dans les côtes l’a fait valser. Il a pas riposté. Il a continué. Andésine était ouverte au dialogue. Il aurait obtenu de sa part des attaques ciblées. Zaraki l’aidait, ayant foi en ses intuitions. Ce qui marcherait pas si "on" se faisait pas confiance. J’ai jamais eu confiance en lui. Il peut toujours rêver… comment je comptais abattre la golem, ça le regardait pas. Il doutait que ce soit la bonne solution, voulait rallier Andésine à la bonne cause. Il a oublié tous ces blessés à cause d’Olivine ? Les morts avec Sugilite ? Qu’elle nous a "tués" tous les deux ? J’ai bondi sur lui. Il a roulé entre mes pattes, profitant du penchant du bateau. Et il est soudain parti. Des gardes approchaient. Quand ils sont montés sur le navire, j’ai plongé dans l’eau sans hésiter, nageant sous quais et navires pour disparaître. Une dragonne verte a surgi de nulle part. C’était l’amie d’enfance de Vlad, Naëwa. J’avais accepté de partir en vacances avec Vladimir, mais ça me dérangeait pas qu’elle vienne aussi. Elle avait l’air sympa. On a grimpé en douce sur un autre navire. J’étais pas bien à force d’avoir retenu mon souffle si longtemps. Elle m’a rattrapée quand je me suis écroulée... je me suis réveillée dans une cabine.

Zaraki est passé entretemps. Enfin, il est resté en bas. Un oiseau parlait pour lui, déposant une lettre à mon nom. Si je cherchais Zaraki, j’aurais qu’à demander son nom au Domaine d’Ambre. Il leur a demandé de prendre soin de moi. Il avait confiance en son capitaine. Il s’était pas défendu pour de bonnes raisons, et il pensait pas que j’étais une mauvaise personne. Quant à la lettre… un jour, peut-être. En revenant de vacances, on est tombés sur des pirates. Après une longue bagarre, ils ont battu en retraite. De retour à Diamant, des gardes m’ont arrêté. Sintara avait porté plainte. Le problème, c’est que la prison signifie la mort chez les Morskellices. Qu’on y soit bien traité ou non, aucun risque est pris. Si la justice m’y condamnait, j’aurais même pas le temps d’arriver que je serais abattue. Pour le bien de l’organisation… ça n’enchante aucun de nous, mais nous devons le faire s’il le faut. Le jour du procès, il y avait une foule alors que je connaissais personne. Quoique, avec les mensonges d’Andésine… les gens voulaient sûrement savoir pourquoi on condamnait la dragonne qui les a "sauvés".

Le juge a relevé des propos racistes chez Sintara, et il a pas apprécié du tout. En plus, elle parlait de moi comme d’une vulgaire dragonne adoptée. Oui… officiellement, c’est ma sœur. Sauf que par rapport à ça, le juge s’est rendu compte que les renseignements sur moi étaient obscurs. Il lui en manquait, et ils étaient nécessaires. Pour savoir dans quelle prison j’irais, au cas où j’obtiendrais pas de circonstances atténuantes. En d’autres mots… je devais dire où j’étais née. Qui m’a élevé avant mon adoption. J’ai dû parler de mes origines sauvages... la foule s’est exclamée suite à ces révélations. Le juge s’est adressé à Sintara, outré, stupéfait, devant tant d’inconscience et d’irresponsabilité. Amener une créature sauvage en ville, et l’élever seule. Sintara protestait, disant qu’à l’époque, elle trouvait ça injuste que je sois si seule. Le juge a rétorqué que si elle avait prévenu les gardes, j’aurais été prise en charge aussitôt. Néanmoins, je restais coupable pour la balafre puisque j’avais reçu une éducation. Et comme Sintara a reçu une blessure de "sa propre créature", elle était pas condamnable là-dessus, responsable de mes actes. Au vu des circonstances, le juge a baissé la peine. Une grosse amende à régler et un dédommagement pour les soins de Sintara. Petite surprise en sortant du procès : le capitaine des pirates de la dernière fois. Je l’intriguais.


Il a profité du combat pour se cacher sur le navire, et s’est fait passer pour un voyageur parmi les autres. Il était présent au procès. Comme Mitsuky, il voulait mon amitié. Mais Davves… je sais pas. C’était pas pareil. Il était toujours décontracté, insouciant, et sa voix si douce… c’était contagieux. J’ai eu beau essayer de pas y être sensible, je me suis sentie bien à ses côtés. Le temps est passé doucement. J’ai toujours aussi peur des Furies depuis Andésine, mais ça m’a pas empêché de développer doucement mes pouvoirs. J’en aurais bien besoin le jour où d’autres golems apparaîtront… et quand je la retrouverais pour lui rendre la monnaie de sa pièce. A Mitsuky aussi, et j’en démordrais pas. Le problème, c’est qu’Andésine est traquée aussi par les Morskellices… dans le monde entier. On sait pas où elle est. Notre haine des Immortels nous y pousse, le danger immense que représentent les golems… et surtout l’agression d’un Morskellice. Vladimir leur a pas dit que c’était moi quand j’étais à l’hôpital. Mais il devait donner l’alerte. Andésine a pu voir des choses sur l’organisation dans ma mémoire…

Je m’en veux tellement pour ça… je tiens à régler ce problème par moi-même pour me racheter. Du côté de Mitaine, je suis passée Masque de Perle. Certains Masques m’ont remarqué. On me confie des missions plus importantes, désormais. En revanche, à Diamant, j’ai appris que mon procès avait fuité. Les gens présents ce jour-là, la presse, les mensonges d’Andésine… c’est parti si loin qu’on me reconnaissait dans la rue. Ça me rendait folle. En voyant Davves se travestir, il m’a donné l’idée d’un masque et d’une combinaison. En me prenant pour quelqu’un d’autre, ils me laisseront tranquille. Davves est parti en voyage par la suite.

Et… c’est arrivé. Leur emprisonnement. Je cherchais après Vladimir. Il me manquait un équipier pour un contrat, et tout le monde était pris. Ils l’ont arrêté pour trahison. Vladimir était détenu au Cœur Etoilé avec Nana. Un Masque de Perle m’ayant transmis un message, j’ai été autorisé à le voir. J’ai dû lui dire que… cette prison sera leur tombeau. Il avait appelé Nana par son nom par accident, et pas son nom de code. On est pas censés se connaître en dehors de l’organisation. Pas même une relation amoureuse. On considère que cela mettrait en péril l’organisation. Et en plus, il y avait un autre Morskellice avec eux ce jour-là. J’ai dû… les laisser au geôlier, crispée en sachant ce qu’il allait leur faire. On est doués pour le meurtre et la torture. Et si les cellules servent rarement, elles ont quand même un mécanisme spécial. Si le verrou ou les barreaux sont endommagés, l’alarme reliée à elles sonnera aussitôt. Je ressens leur absence en permanence. Un vide que rien peut combler. Et pourtant j’ai essayé en m’empiffrant, devenant gourmande. Trop gourmande.

Par la suite, j’ai voulu devenue mercenaire. J’ai amélioré ma combinaison autrefois émeraude. Changer de tenue pour aller dans l’organisation et se rechanger en ressortant, c’était lassant à force. Et par souci de discrétion, aussi… quant à mes proches. Je me suis mise en tête de suivre la voie de Z, notre souverain. Gravir les échelons, jusqu’à pouvoir changer le cours des choses. Il le faut pour les libérer…